Quelle réalité pour les projets Blockchain dans les grandes entreprises et quelles implications organisationnelles ? (Petit-Web – Sept 2018)

Qui ?

Christophe Rohel, consultant senior au sein du cabinet de chasse de tête, Digital Jobs

Quoi ?

une tribune sur la réalité des projets blockchain dans les grandes entreprises et leurs implications organisationnelles.

Comment ?

L’état des lieux est sans appel : peu de réalisations concrètes en France. Un consultant spécialisé en blockchain refroidit d’emblée: « La plupart de ces projets ne mène nulle part ». Quand les entreprises ont recours à l’expertise de prestataires ou de cabinets de conseil, 20% se transforment en POC et une infime partie aboutit en projets déployés. Beaucoup d’acteurs attendent encore l’avis du régulateur.

Exception notable, les grands groupes bancaires, qui n’ont pas eu peur d’essuyer les plâtres. La banque JP Morgan a développé dès 2016 une blockchain privée sur le réseau Ethereum. Le secteur explore la Trade Finance et le KYC mais ne se soucie pour l’instant pas d’évaluer leur retour sur investissement.

Les plus audacieux ? ING et Crédit Suisse en Europe, Société Générale et BNP Paribas en France. Mais tout le monde s’accorde à voir cette technologie se généraliser en entreprise, tant ses usages sont nombreux.

Les six usages actuels de la blockchain 

  • Améliorer l’efficacité opérationnelle par notamment une simplification des échanges complexes. 

Ainsi, le consortium développé autour de la startup R3  (la Caisse des Dépôts, Natixis, Société Générale et BNP ont participé au dernier tour de table de 107 millions de dollars) valide et sécurise les transactions des cryptomonnaies pour les inscrire dans un registre distribué. Le consortium vise l’échange de titres, de dérivés et de prêts.

Dans le négoce de matières premières, le trader Louis Dreyfus Company (LDC) a travaillé sur des projets de blockchain avec les groupes bancaires français Société Générale et néerlandais, ABN Amro et ING pour réduire le nombre d’intermédiaires dans les transactions.

2 Gérer les royalties

La blockchain apparait aussi dans le champ juridique. En mars 2017, Spotify a acquis Mediachain pour sa gestion de droits d’auteurs dans les contenus numériques.

3 Créer de nouveaux produits 

Engie expérimente une infrastructure blockchain pour ses opérations de maintenance sur un réseau de compteurs d’eau connectés. Celle-ci alerte l’entreprise en cas de fuite d’eau.

La société Lumo utilise la blockchain dans le cadre du financement participatif. Les souscripteurs aux projets participatifs reçoivent des « Solarcoins » pour payer la consommation d’énergie.

4 Garantir la traçabilité

Wallmart avec la solution d’IBM utilise la blockchain pour assurer la traçabilité de ses aliments. Blockpharma, permet de vérifier l’authenticité des boîtes de médicaments. Arianee garantit celle des produits de luxe…

5 Lever de l’argent avec une  ICO (Initial Coin Offering)  

En distribuant 150 millions de tokens, Talao — ex EmindHub — veut lever 60 millions de dollars afin de propulser sa blockchain dédiée au monde du travail freelance.

  1. Faciliter la gestion d’identité / KYC

Certifier automatiquement l’identité d’un client entre différentes filiales d’un même groupe ou entre différentes banques pour se prémunir contre des usurpations d’identité, de la fraude, du blanchiment d’argent…

En attendant l’Etat

L’Etat est clé pour booster cette révolution technologique comme en Chine et à Singapour. En France, l’amendement sur les minibons va dans le bon sens. Mais beaucoup de sujets sont en suspens : la sécurisation des smart-contracts, la confidentialité des données (droit à l’oubli, RGPD), le statut juridique d’une DAO (decentralized autonomous organization).

Quelle organisation dans l’entreprise ? 

Les organisations des start up US préfigurent sans doute les organisations futures des équipes Blockchain des grandes entreprises.

Trois types d’équipes se dessinent :

Pôle « Blockchain Solutions » 

Fait le lien entre les besoins Métiers et le pôle Engineering (en charge de la production). Il évangélise, trouve les uses-cases, accompagne le changement et le met en œuvre.

Pôle« Engineering » 

Représente la majorité des profils (60/70%). Plus que de nouveaux métiers, c’est la combinaison de compétences existantes comme l’architecture de réseaux, le code pour passer du prototype à la réalisation à grande échelle.

Pôle “Research and Support” 

Intègre les fonctions sécurité, data, recherche, juridique.

Se préparer pour la suite, petit à petit

La blockchain est aujourd’hui un sujet très prospectif, essentiellement centré sur le CtoC. Mais la révolution touche progressivement les entreprises françaises, et sera rapidement un enjeu majeur. Il faut donc s’y préparer. Celle-ci reste à la portée de toute entreprise, à condition de ne pas se lancer dans des projets trop ambitieux dès le début. Si vous désirez faire de la blockchain, pensez petit, partez d’un cas d’usage. Si vous pensez global / stratégie, il sera très difficile de passer à l’industrialisation après le POC

Christophe Rohel – Consultant Senior DIGITAL JOBS

 

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